Dramatiquement creux

Votre question était : « … mais jusqu’où iront-ils ? »

Va savoir. Car elle a fait très fort, Anaïs Stas, dans les colonnes de « L’Avenir », en ne se contentant pas de coiffer « Le Soir » sur le poteau du Grand prix de l’étude indigente de la semaine. Elle a failli me faire mourir.

Pourquoi, Anaïs ? Mais pourquoi tant de haine ?

D’abord ce titre : « La chicha et l’e-cigarette font un dramatique tabac ». Un rien alambiqué mais solidement accrocheur, ça. Et pour ceux qui n’auraient pas compris :

« Phénomène récent, l’utilisation de la cigarette électronique, un produit également nocif pour la santé. »

… comme ça, toi ? Et sans les sommations d’usage !? Ben c’est du propre. Du coup me voilà saisi d’un irrépressible besoin de convoquer, en urgence et dans l’ordre, mon confesseur, ma coiffeuse et le taxidermiste. L’embaumeur, j’ai pas les moyens.

TOUT ÇA POUR ÇA

Alors oui, j’en ris. Pour ne pas sombrer dans une crise abyssale de doute existentiel.

Et Jean-Luc Bodeux, vieux routier pourtant, qui reprend ça dans « Le Soir ». Sur un ton certes plus pondéré, mais ça.

Ça – pour la partie cigarette électronique en tout cas c’est sans doute ce que qu’on a lu de plus abscons et de plus dramatiquement creux depuis des mois !

Sont donc considérés comme vapoteurs, par le document de référence, tous ceux qui ont essayé au moins une fois la vape. Voilà qui est d’autant plus spécieux qu’en ce qui concerne les fumeurs, on parle de « fumeur essai ». Les chiffres ne sont donc pas comparables.

Le second graphique est pour sa part totalement incompréhensible. Il liste les vapoteurs par tranche d’âge et par sexe, mais ne précise pas ce que les pourcentages représentent. L’ensemble des jeunes ? Les fumeurs ? Ceux qui ont un jour essayé un VP ? Pas interprétable.

Quant au troisième graphique, si tant est qu’on arrive à comprendre ce que la question prétend recouvrir, ses conclusions valent leur pesant de cacahuètes :

« Parmi les non-vapoteurs, un jeune sur deux (49,1 %) déclare connaître la présence éventuelle de nicotine et la moitié (47,0 %) l’ignore. Par contre, chez les vapoteurs, deux tiers (67,8 %) affirment connaître la présence éventuelle de nicotine. En outre, un quart (25,3 %) des vapoteurs déclarent ne pas savoir si les cigarettes électroniques peuvent contenir de la nicotine. »

… le premier qui arrive à faire un nœud là-dedans sans se faire pipi dessus aura droit à l’expression de toute ma considération.

Pour information, Bertrand Dautzenberg – président de l’OFT et peu suspect de vapolâtrie – aborde une thématique similaire dans un article tout frais où l’on peut lire :

« Parallèlement à l’expérimentation importante de la cigarette électronique (interdite à la vente aux mineurs en France), on constate « une baisse significative du taux de tabagisme, quotidien ou occasionnel » chez les jeunes qui passe de 20,2% en 2011 à 7,4% en 2015 pour les 12-15 ans et de 42,9% à 33,3% pour les 16-19 ans, note le rectorat. L’e-cigarette est un « moindre mal », même si « le mieux est de ne rien prendre », ajoute pour sa part le professeur Dautzenberg qui se réjouit que « le tabac devienne ringard » chez les jeunes . »

C’est ça, Anaïs, le produit également nocif pour la santé qui fait un dramatique tabac.

Ça, Jean-Luc, ce que votre journal s’échine à pourfendre depuis des mois avec une obstination qui frise le sacerdoce.

Signé PéGé

PS : Vous voulez des études ? C’est ici, c’est régulièrement mis à jour, et vous pourrez constater sans peine que ce n’est pas univoque.

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