Ils sont dans les starting-blocks. Nerveux. Prêts à partir à l’assaut du très prometteur marché de la cigarette électronique. Les quatre majors du tabac, Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco et Imperial Tobacco s’apprêtent à commercialiser leurs e-cigarettes dans les prochains mois.
Mercredi, ils ont reçu le feu vert du Parlement européen qui a voté la directive tabac. Sévère sur les cigarettes classiques, elle est en revanche très souple pour les modèles électroniques. Chaque pays fixera ses règles. « Une incertitude juridique », pour la députée européenne Corinne Lepage qui voit déjà « l’industrie du tabac utiliser la cigarette électronique comme cheval de Troie pour amener les non-fumeurs à fumer ». Un point de vue partagé par Brice Lepoutre, président de l’Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique (Aiduce). « La directive est faite pour l’industrie. Leurs e-cigarettes seront inefficaces pour arrêter de fumer et serviront à protéger le tabac. »
Matthieu Pechberty, Le Journal du Dimanche, dimanche 2 mars 2014
Les industriels vendront leurs cigarettes électroniques en France dans quelques mois. Ils déboursent des fortunes pour capter les deux millions de vapoteurs.
Ils sont dans les starting-blocks. Nerveux. Prêts à partir à l’assaut du très prometteur marché de la cigarette électronique. Les quatre majors du tabac, Philip Morris, British American Tobacco, Japan Tobacco et Imperial Tobacco s’apprêtent à commercialiser leurs e-cigarettes dans les prochains mois.
Mercredi, ils ont reçu le feu vert du Parlement européen qui a voté la directive tabac. Sévère sur les cigarettes classiques, elle est en revanche très souple pour les modèles électroniques. Chaque pays fixera ses règles. « Une incertitude juridique », pour la députée européenne Corinne Lepage qui voit déjà « l’industrie du tabac utiliser la cigarette électronique comme cheval de Troie pour amener les non-fumeurs à fumer ». Un point de vue partagé par Brice Lepoutre, président de l’Association indépendante des utilisateurs de cigarette électronique (Aiduce). « La directive est faite pour l’industrie. Leurs e-cigarettes seront inefficaces pour arrêter de fumer et serviront à protéger le tabac. »
Une alliance avec les buralistes
Les « Big Four » voient surtout l’occasion de mettre la main sur un marché juteux qui leur échappe. En deux ans, son succès fulgurant est déjà évalué entre 200 et 500 millions d’euros ; 1.600 boutiques indépendantes dans l’Hexagone servent deux millions de vapoteurs réguliers et huit millions qui l’ont déjà essayée. Dépassés depuis le début, Marlboro, Camel, Lucky Strike et Gauloises mettent les bouchées doubles pour contrôler un produit qui provoque la chute de leurs cigarettes traditionnelles.
Selon plusieurs sources, Japan Tobacco pourrait tirer dès le printemps en commercialisant en France la Ploom. Il y a deux ans, le fabricant des Camel et Winston a racheté le brevet de deux ingénieurs de la Silicon Valley. À l’arrivée, cette cigarette électronique hybride se fume avec une recharge de tabac à la manière des capsules de café Nespresso. Déjà testée en Italie, en Autriche et au Japon, elle parie sur une nocivité réduite tout en conservant les doses de nicotine addictive contenue dans le tabac.
Philip Morris est sur la même ligne mais ne pourra sortir la sienne que l’an prochain. Le leader mondial a investi 250 millions d’euros dans un centre de recherche à Neuchâtel, en Suisse, et 500 millions d’euros pour deux usines en Italie. Sûr de son coup, il mise sur des preuves scientifiques que sa e-cigarette sera 80 % moins nocive grâce à l’absence de combustion du tabac.
Les deux autres concurrents, British American Tobacco et Imperial (ex-Seita) misent sur la cigarette électronique classique composée de liquide. Persuadés qu’elle est une tendance de fond, le premier a commercialisé en Grande-Bretagne la Vype durant l’été 2013 et le second la Pusitane… cette semaine. La première cartonne outre-Manche et débarquera en France à la fin de l’année.
Pour truster le marché, les géants du tabac comptent sur les 26.000 buralistes avec qui ils sont très liés. La mécanique logistique et commerciale en place depuis des décennies agira comme un rouleau compresseur. Les débitants de tabac s’en réjouissent, visant eux aussi ce nouveau marché. « Cent pour cent des buralistes vendront des e-cigarettes à la fin de l’année, témoigne Pascal Montredon, leur président. On n’imagine pas les fabricants ne pas venir chez nous. » Des boutiques indépendantes ont déjà commencé à fermer. Les spécialistes ne donnent pas cher de leur avenir face à la force de frappe des buralistes.
Reste au gouvernement à fixer le cadre réglementaire. Peut-être dès le plan santé présenté en juillet par la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Les modèles contenant des capsules de tabac n’échapperont pas aux contraintes habituelles du monopole de vente par les buralistes et d’une forte fiscalité. Celle-ci pourrait s’élever à 60 % contre 80 % sur les cigarettes. Pour les modèles avec liquide, les cigarettiers espèrent négocier un statut plus souple, compte tenu de la moindre nocivité. Marisol Touraine semble y être favorable.
Encore un petit cadeau de l’Etat à Marlboro
Mi-janvier, le prix de tous les paquets de cigarettes a augmenté de 20 centimes en France. Tous sauf cinq. D’après le Journal officiel, cinq références de Marlboro n’ont progressé que de 10 centimes. Il s’agit des Marlboro Filtre en paquet dur et souple, des Flavor 100’s, et des Beyond Gold et Red qui contiennent des capsules dans les filtres. Leur prix est passé de 6,90 euros à 7 euros au lieu de 7,10 euros comme le prévoyait le ministère du Budget. Cet avantage concurrentiel permet aux cinq paquets de se caler sur le prix rond de 7 euros, un atout commercial fort. Ce coup de pouce du gouvernement à Philip Morris, le fabricant des Marlboro, fait grincer des dents dans l’industrie. Déjà en juin, le leader mondial avait bénéficié d’un avantage fiscal d’une trentaine de millions d’euros.
Source : http://www.lejdd.fr/Economie/Les-geants-du-tabac-mettent-le-paquet-sur-la-e-cigarette-655346
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