Le Monde interroge l’Aiduce à propos de la transcription de la TPD, entrant en vigueur le 20 mai 2016 avec quelques spécificités françaises complémentaires.
Les vapoteurs contestent l’assimilation du vapotage au tabagisme au sein d’une loi de lutte contre le tabagisme, où seule la promotion du vapotage par le Ministère de la Santé aurait sa place. Mais le gouvernement a préféré mettre en place les restrictions demandées par l’UE pour protéger les produits de l’industrie du tabac, petits échanges de bon procédés entre amis.
Rien de surprenant quand en avril dernier Marisol Touraine continuait à assimiler le fait de vapoter avec celui de fumer, ce n’est pas faute de lui avoir dit, écrit et crié sous ses fenêtres : “vapoter n’est pas fumer”…
le 20 mai 2016, Pascale Santi, Laurence Girard, Le Monde
(…)La cigarette électronique assimilée au tabac
En France, l’ordonnance transposant la directive européenne a été présentée mercredi en conseil des ministres, et entre en vigueur dès vendredi. Le texte prévoit des règles plus strictes concernant le tabac et ses produits dérivés. Les cigarettes et le tabac à rouler, qui contiennent des arômes conçus pour attirer les jeunes, doivent être interdits, tout comme la publicité directe ou indirecte. Certains Etats – comme la France – vont plus loin, en interdisant toute forme de publicité, notamment pour les cigarettes électroniques, y compris dans les vitrines des magasins. Ce qui inquiète les revendeurs et les fabricants.
L’Association pour les utilisateurs de cigarette électronique (Aiduce) conteste le fait que la cigarette électronique soit assimilée à un produit du tabac. “Ça n’empoisonne pas les gens”, assure Claude Bamberger, son vice-président. Ni produit du tabac ni médicament, la cigarette électronique est un produit de consommation courante.
La directive instaure des règles sur le conditionnement, l’emballage, interdit certains additifs, limite à 20 milligrammes par millilitre le contenu de nicotine dans le liquide de recharge, et à 2 millilitres pour les cartouches. Au-delà de ce seuil de 20 mg/ml, le produit est considéré comme un médicament. “Ces restrictions techniques imposées par cette réglementation ne servent qu’à protéger les produits peu efficaces des filiales de l’industrie du tabac”, conteste l’Aiduce. Des recours sont d’ores et déjà envisagés par les utilisateurs de cigarette électronique (ou “vapoteurs”), par la voix de l’Aiduce.“La mise sur un pied d’égalité du poison et de l’antidote”
La Fivape, Fédération interprofessionnelle de la vape, dénonce elle aussi l’entrée en vigueur et les modalités d’application en France de la directive européenne pour l’ensemble des mesures relatives aux produits du vapotage. En effet, rappelle-t-elle, “alors que le consensus en faveur de l’e-cigarette la place au fil des mois comme un outil efficace dans la réduction des risques liés au tabagisme et dans la lutte contre le tabac, l’assimilation de la vape aux produits du tabac conventionnels, pour entre autres les mesures relatives à la publicité et à la propagande, relève du grotesque, par la mise sur un pied d’égalité du poison et de l’antidote”.
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La Fivape estime que ces mesures pourraient freiner les 3 millions de vapoteurs en France. Huit associations de lutte contre le tabagisme avaient rappelé début mai que “la cigarette électronique est une arme de réduction massive des risques mortels liés au tabac”. Le très sérieux Collège royal de médecine britannique a conclu, dans un rapport publié fin avril, que la cigarette électronique est “essentielle et efficace” dans une politique de réduction du tabagisme.
Sur la dangerosité, “bien qu’il ne soit pas possible d’estimer précisément les risques à long terme pour la santé associés à l’e-cigarette, les données disponibles suggèrent qu’ils ne devraient pas dépasser 5% de ceux qui sont associés au tabac fumé, et pourraient être sensiblement inférieurs à ce chiffre”, ajoute le rapport.
Quant à Marisol Touraine, elle avait déclaré le 3 mai, sur les ondes d’Europe 1 : “Il vaut mieux ne pas fumer. Mais mieux vaut la cigarette électronique que la cigarette tout court.” Jeudi, elle a aussi annoncé sur LCI qu’elle n’excluait pas une hausse du prix du tabac. Mauvaise élève, la France compte 34 % de fumeurs, et le tabagisme tue 78 000 personnes chaque année.
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