Qu’apprenons-nous en ce début de semaine ? Que la presse nationale relaie une « information » sans vérification ni mise en contexte. Sur la base d’un simple communiqué poussé avec quelques moyens demandant l’interdiction pure et simple des arômes dans les produits du vapotage et la prohibition de produit aux adultes (ils sont déjà interdits de vente aux mineurs).
Rappel, la vape réduit le tabagisme
Il faut donc rappeler que le vapotage est le premier moyen d’aide à l’arrêt du tabagisme depuis plus d’une dizaine d’années en France1. Son accessibilité pour les fumeurs et son large choix d’options et saveurs sont des facteurs essentiels démontrés de longue date par plusieurs études scientifiques internationales. Ces dernières années les évolutions ont aussi apporté une incontestable amélioration en termes d’efficacité et de sécurité des produits. D’une part les données de Santé publique France, de l’Inserm et de l’Eurobaromètre confirment une réelle efficacité des populations. D’autre part la méta-analyse Cochrane, la plus complète à ce jour (des dizaines d’essais contrôlés), constate également une efficacité clinique. Pour faire court, le vapotage fonctionne pour arrêter/éviter de fumer.
Et ce malgré une forte méconnaissance2 des populations sur la considérable réduction des risques que représente le vapotage exclusif. Comparé au tabagisme d’un facteur 20 à plus de 100, proche de l’ordre de l’air intérieur. Méconnaissance entretenue par de nombreuses campagnes de dénigrement et un refus obstiné d’information publique sur le sujet.
Des limitations au cas où
Malgré une efficacité déjà constatée, dès 2014, des mesures arbitraires encadrant les produits ont vu le jour. Sur la base de risques imaginés/ supposés mais non démontrés. Des « risques » qui ne sont 10 ans après toujours pas avérés. Et dont certains sont même invalidés3 par des études scientifiques. En dépit de ces mesures, le vapotage a quand même contribué à baisser le tabagisme dans toutes les classes d’âges et catégories socioprofessionnelles. Ce qui a sans doute participé à pondérer l’application de cet encadrement.
Et si on faisait pire que des limitations infondées ?
Et voici qu’aujourd’hui contre toute logique, ce communiqué propose d’interdire tout simplement la multitude d’arômes existants et d’imposer exclusivement celui du “tabac” pour diminuer le prétendu risque de passage du vapotage au tabagisme (sic).
Aucune justification de risques effectifs. Aucune préoccupation d’effets délétères catastrophiques pour les fumeurs en phase d’arrêt. Pas de raison valide d’une telle atteinte aux libertés publiques. Interdire aux adultes pour “protéger” (de quoi ?) les mineurs d’un produit qui leur est déjà interdit ! Le tout enveloppé dans un narratif digne des théories du complot.
Nous sommes à l’aube d’une bien triste opposition de générations dans laquelle une prévenance bienveillante doit répondre à une absurde intolérance et des jeux d’intérêts.
Prévention ou panique morale
Comment peut-on décemment parler de prévention en santé publique d’un côté, et en même temps, intensifier des règlements/ restrictions/ interdictions. Encadrer et cacher une option alternative révolutionnaire prévenant si radicalement l’un des risques majeurs de maladies ?
N’a-t-on rien compris dans les médias ?
Donc en 2023, on peut présenter dans les médias un “expert” en blouse blanche qui affirme doctement qu’un complot est à l’œuvre. C’est le traitement choisi par plusieurs médias relayant le communiqué. Qu’il faut déployer des mesures sans précédent de limitation des droits en plus de celles existantes. Sans vérifier qu’il est plausible que des entreprises dépensent de l’énergie à attirer des clients qui ont peu de moyens, sont infidèles et peu motivés4. Tout cela pour les amener (comment ?) à devenir clients d’une autre industrie (pourquoi ?). Sans vérifier que le contraire n’est pas littéralement en train d’arriver3 ?
Quand on sait que ce communiqué est là pour appuyer une proposition au gouvernement, on ne peut qu’espérer qu’il ne sera pas dupe.
1 L’Eurobaromètre 506 publié en 2021 comparé (pour les différentiels) avec l’Eurobaromètre 385 de 2012. Il montre qu’en une décennie on est passé en France de 11,5 millions d’ex-fumeurs à 13,9 (+2,4 millions). Parmi les ex-fumeurs, 1 million d’ex-vapoteurs et 1,2 millions de vapoteurs (Volume C, T7). Et 1,5 millions affirment explicitement avoir arrêté avec le vapotage (Volume C T72). Ils étaient 870 mille selon une évaluation de Santé Publique France en 2017.
2 L’Institut National du Cancer a publié des chiffres (entre autres) alarmants sur la méconnaissance des Français à propos du vapotage. Et même tout simplement de la nicotine (elle ne cause pas le cancer, c’est un consensus depuis des décennies)
3 l’OFDT suit dans son enquête Escapad l’évolution du tabagisme à 17 ans (entre autres). On observe 1) qu’il diminue de presque 10% sur la première décennie du XXIe siècle (sans rapport avec le vapotage), de plus de 15% sur la seconde décennie ; 2) dont pour une bonne part grâce au vapotage. Cela invalide donc l’hypothèse que le vapotage et ses arômes joueraient un rôle dans le tabagisme des lycéens.
Mais peut-être que cela augmente le tabagisme après le lycée ? 3) Et bien là non plus, il s’effondre de 39% à 28% sur la même décennie (cf. Baromètre Santé publique France 2021).
4 Quand on trouve sans peine des fumeurs quotidiens au lycée, près de la moitié des expérimentations (depuis deux décennies), il n’en va pas de même avec le vapotage. On retrouve une large majorité de (ex)fumeurs (déjà) dans les usages réguliers, 3/4 des expérimentateurs ont déjà fumé. On peine à voir un usage quotidien significatif, moins encore dans ceux qui ne fumaient pas déjà. Pourtant l’expérimentation est maintenant du même ordre (~50%). Mais le simple passage à un usage régulier puis quotidien est 5 à 10 fois plus faible selon les sources. A l’inverse les ex-fumeurs qui “switchent” vers le vapotage sont des utilisateurs plus réguliers. Même si quasiment la moitié finissent par arrêter le vapotage (dans les ex-fumeurs) de façon assez stable depuis 10 ans.
Source OFDT : enquête ESCAPAD 2017; Tabagisme et arrêt du tabac en 2021; Trente ans de politiques publiques de réduction du tabagisme (1991-2021).
Heureusement que notre gouvernement n’est pas du genre à s’appuyer sur une seule étude bidonnée pour prendre à la va-vite des décisions qui impacteront la santé des citoyens.
Hein ? Qui a dit LancetGate ?
Bande de complotistes !
Je relève le lien de ce billet:
https://www.aiduce.org/les-vapoteurs-et-laiduce-scandalise-par-une-campagne-de-denigrement/
s’il s’agit d’une campagne de dénigrement, pourquoi ne pas porter plainte? Cela me semblerait justifié mais je ne suis pas avocat spécialisé dans ce domaine.
Je me demande aussi combien de personnes le CNCT prétend représenter? combien d’adhérents? quelle légitimité?