Lettre ouverte à Monsieur Larousse

larousse

La société Larousse refusant de nous prendre au téléphone voici la lettre ouverte qui leur est envoyée :

Monsieur Larousse,

Je me souviens avec mon âme d’enfant, un peu naïve sans doute, m’être plongé dans les définitions de votre dictionnaire. Que d’heures de lecture, bien souvent volées au sommeil, espérant que mes parents ne s’en rendraient pas compte.
Plus tard, fort de ma soif d’apprendre, d’avancer, d’être au plus près de ce que je considérais à l’époque comme une vérité, je vous citais en référence pour appuyer mes dires. Combien de fois ai-je réussi à contrer mes détracteurs par une simple définition issue de votre dictionnaire ?
Les années passant, je me suis rendu compte de la subtilité de la langue française, de la multitude de sens donnés à chaque mot, de leurs nuances et différences. Les mots permettent d’exprimer des émotions, des sentiments, des opinions, mais sont aussi parfois une arme, un moyen de convaincre ou de ruser.
Je pensais comme tout un chacun, qu’un mot apparaissant pour la première fois dans un dictionnaire de référence subissait l’analyse d’experts de la langue française, cherchant la définition la plus exacte pour ne souffrir d’aucune contestation.

Or, le Larousse 2015 définirait le verbe VAPOTER comme l’action de fumer une cigarette électronique alors que dans votre ouvrage, la définition du verbe FUMER est de dégager, produire, émettre de la fumée, brûler du tabac ou toute autre substance.
Est-ce à dire que la cigarette électronique émet de la fumée ou inhale-t-on de la vapeur en l’utilisant ? Peut-on évoquer une combustion lorsqu’il s’agit d’une vaporisation ?

Il s’agit là d’une définition erronée du verbe vapoter qui, dans la réalité des faits, est l’acte d’inhaler un produit très éloigné du tabac parce qu’il n’en contient pas et n’émettant pas une fumée âcre, saturée de produits toxiques mais bien une vapeur de glycol.

Le sens d’un mot, d’un verbe, peut revêtir une importance toute particulière et depuis bientôt 18 mois, notre association se bat pour expliquer qu’une cigarette électronique ne se fume pas et qu’il est ridicule de l’associer aux produits du tabac parce que la définition de l’acte de fumer ne lui correspond en aucun point.

Nous contestons actuellement une directive européenne incorporant la cigarette électronique dans les produits du tabac par l’utilisation malencontreuse du verbe fumer pour l’assimiler à la cigarette traditionnelle, en dépit de toutes les études qui démontrent que ce nouveau système est sans aucun doute la plus fabuleuse arme contre les méfaits du tabac.

Le mauvais usage de certains termes peut avoir de lourdes conséquences et dans ce cas précis, a entraîné pour la cigarette électronique les mêmes restrictions que pour la cigarette-tabac, annihilant de ce fait la révolution sanitaire qu’elle pouvait apporter.

Nous vous demandons de bien vouloir reconsidérer votre définition du verbe « vapoter » qui réduirait à néant les efforts de nombreux experts médicaux et scientifiques qui dénoncent ces décisions européennes prises au mépris de leurs conclusions montrant l’efficacité et la relative innocuité de ce dispositif face au produit le plus meurtrier qui ait jamais existé, ainsi que les espoirs de milliers de vapoteurs qui pensaient être désormais des non-fumeurs depuis l’arrêt du tabac.

Notre association, l’AIDUCE, se bat pour faire reconnaître que « vapoter n’est pas fumer », et de nombreux experts de santé conviennent que le terme « fumer » est scientifiquement inexact pour qualifier l’usage de ce dispositif. La ministre Marisol Touraine a d’ailleurs elle-même cessé d’employer ce verbe dans ses communications sur le sujet.
Le maintien de cette définition erronée aurait également pour effet de conforter les buralistes qui se battent pour le monopole des produits fumés, ce serait le leur offrir sur un plateau. Merci de ne pas anéantir en une ligne, par un parti pris manifeste, les efforts d’une communauté importante qui ne mérite certainement pas d’être reléguée au stade de « fumeurs ».

Permettez-moi enfin de continuer à penser, comme quand j’étais beaucoup plus jeune, que le bon usage de certains mots peut encore me permettre de faire taire mes détracteurs quand leurs affirmations sont fausses, en pouvant les démentir à l’aide de votre ouvrage qui devrait pouvoir continuer à faire référence.

Pour l’AIDUCE,
Son président, Brice LEPOUTRE

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21 commentaires sur “Lettre ouverte à Monsieur Larousse
  1. denver dit :

    Pardonnez Mr LAROUSSE qui n’a peut être jamais vu un vaporisateur électronique en fonctionnement.

    L’inhalateur électronique définit l’acte d’inhaler sur un appareil électronique

    consiste à inhaler des vapeurs

    latin inhalatio, -onis

  2. Algo dit :

    Dans la définition de l’académie, parmi les différentes définitions de fumer, on trouve celle-ci :
    « B. [L’obj. désigne du tabac ou une autre substance]
    1. [L’action est ponctuelle] Faire brûler en aspirant la fumée par la bouche.  »

    Donc pour l’académie, fumer une cigarette implique bien une combustion !
    Visible là => http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/tlfiv5/visusel.exe?211;s=3693331770;r=6;nat=;sol=0;

    • Michel dit :

      très cher,

      en logique mathématique, fumer = (1) ou (2) ou (3),
      et la (3) c’est fumer aussi car toutes ces définitions sont inclusives et non pas exclusives

      CQFD

  3. Michel dit :

    Au risque de me faire taxer une fois de plus « d’instrumentaliser », comme on me l’a signaler (d’ailleurs je ne sais même pas ce que veut dire ce mot), je pense que le seul dictionnaire faisant référence concernant la langue française est celui de l’académie française, voici donc (copyright dictionnaire de l’académie française) la définition de « fumer » de ce dictionnaire :

    (5)I. FUMER v. intr. et tr. XIIe siècle. Issu du latin fumare, « dégager de la fumée », dérivé de fumus, « fumée ».
    I. V. intr. 1. Dégager, répandre de la fumée en se consumant. Ce bois fume, il est humide. Les cendres fument encore dans la cheminée. L’encens fumait sur les autels. 2. Laisser échapper de la fumée. Ce volcan fume encore. Les cheminées du village fumaient. Spécialt. Se dit d’une cheminée, d’un poêle dont le tirage se fait mal et dont la fumée, au lieu de s’échapper par le conduit, se rabat dans la pièce où se trouve le foyer. Cette cheminée fume par vent d’ouest. Le poêle fume à l’allumage. 3. Exhaler de la vapeur, en parlant d’un liquide bouillant, d’un corps humide plus chaud que l’air ambiant. Un potage, un plat qui fume. La terre labourée fumait dans l’air froid. Des geysers sortent de terre en fumant. Expr. fig. et litt. Son sang fume encore, se dit de quelqu’un qui est mort récemment de mort violente. 4. Fig. et pop. Ressentir de la colère, du dépit, de l’impatience. Il fume, mais il n’ose rien dire. Ces retards, ces contretemps le font fumer.

    en se concentrant sur le sens 3) de la définition : 3. Exhaler de la vapeur, en parlant d’un liquide bouillant, d’un corps humide plus chaud que l’air ambiant. Un potage, un plat qui fume. La terre labourée fumait dans l’air froid. et en particulier d’un corps humide plus chaud que l’air ambiant, larousse ne commet à mon sens qu’en utilsant dans sa définition le terme « brûler » dont vous pouvez regarder la définition de ce même dictionnaire sur le lien :

    http://atilf.atilf.fr/dendien/scripts/generic/cherche.exe?63;s=16754775;;

    Mais s’ils utilisaient à la place de brûler, le verbe « vaporiser », ça serait correct car ensuite le mot tabac est au même niveau que d’autres substance donc n’est qu’un exemple qui certes est très mal venu, et d’ailleurs, j’ignore si on peut « vaporiser » du tabac.

    Malheureusement l’académie française mettra encore quelques années avant d’arriver à la lettre V…

  4. songe-malice dit :

    Notez que que le verbe « vapoter » entre également cette année dans l’autre dictionnaire de référence, Le Petit Robert. Et là, pas de problème avec la définition.

  5. Foxtamere dit :

    Quand les tabacologues, pneumologues,etc.. se mettent à positiver sur la vape, c’est maintenant un dico qui vient nous emm.. !!

  6. Domec Renée dit :

    Bravo ,pour cette lettre tout est bien dit .Pour moi aussi Larousse était une référence .Vapoter n’est pas fumer !!!

  7. fred51 dit :

    Je suis sur le cul chaque foi que je lis un texte de Brice Lepoutre. Qu’elle chance avons nous d’avoir un tel gars à nos cotés! Merci

  8. JML79 dit :

    Si vous leur envoyez la photo, ils vont vous répondre que c’est normal, une cigarette ne s’allume pas par le filtre 😮

  9. SEB dit :

    Larousse fait sa blonde !

  10. Skala dit :

    Très bien commenté…je ne suis plus fumeur mais vapoteur sans nicotine.
    C’est une vraie libération presque sans effort 🙂

  11. sylvain dit :

    Il faut les excuser : c’est MST qui leur a fourni la définition !

  12. Alain dit :

    Excellent texte, les gars!

    Juste un petit truc, vu quand même qu’on s’adresse à Larousse himself: « Permettez-moi enfin de continuer à penser, comme quand j’étais beaucoup plus jeune, que le bon usage de certains mots peut encore me permette » >>>> manque le « r » de permettre. 😉

  13. CBFurax dit :

    Le Larousse, complice des manoeuvres génocides de l’industrie du tabac et des hygiénistes ?
    Ça ferait tache…
    J’en reste comme deux ronds de flan qu’ils n’aient pas répondu à vos sollicitations !

  14. onefid dit :

    Parfait !

    Je fais faire mon relou…juste une petite faute : « Vous vous demandons » au lieu de « Nous vous demandons » 😉

  15. Charly GE0RGES dit :

    Ça fait penser au sketch de Laurent Géra

  16. Aiduce dit :

    Je préfère préciser, en voyant des commentaires, il s’agit d’un travail d’équipe du Staff AIDUCE. Mon nom figure comme signataire, représentant de l’association, mais la rédaction est collégiale ! (Brice)

  17. Jubilkiff dit :

    Les mots sont des armes et l’AIDUCE sais s’en servir. Chapeau bas messieurs dames pour cette intervention auprès de cette institution jusque lors prestigieuse. En espérant que leur comité de lecture réagisse avant impression. Merci encore une fois.

  18. PERROT dit :

    Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement…..Dans la bataille des mots, c’est souvent le dictionnaire qui fait office de référence ultime.Il est donc inconcevable de trouver de telles approximations dans un ouvrage de référence…Il serait judicieux que Monsieur Larousse rectifie son tir.

    A bon entendeur…

  19. Bonnadier dit :

    Bravo Brice, c’est bien écrit et totalement vrai.
    Tout est bon actuellement à nos détracteurs pour nous mettre dans la case de la cigarette car par fainéantise (je préfère penser ça) personne n’a réellement décidé de créer cette nouvelle case dans laquelle devrait entrer ce produit qui nous aide à nous libérer de l’emprise du tabac.

    Monsieur Larousse, ce que Brice Lepoutre écrit est tout à fait juste et il serait dommage que votre dictionnaire qui a toujours été une référence soit par cette erreur montré du doigt par la suite.

    Bien à vous.

    Merci à toi

  20. paga dit :

    Superbe lettre ouverte!
    merci l aiduce et merci Brice!

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